Interview

Interview Nicolas Cartelet (La Musardine)

Publié le 7 novembre 2023

On avait déjà parlé de Janevsky et sa Lilith, crowdfundé avec succès. On en profite pour avoir une discussion avec Nicolas Cartelet, en charge du projet chez La Musardine.

Comment fonctionnez-vous pour le choix des auteurs et projets à éditer ?

On ne reçoit pas des dizaines de projets par jour comme certains gros éditeurs de BD généraliste, donc on est souvent proactifs en repérant et contactant des artistes du monde entier. Pour le choix initial je fonctionne au coup de coeur, si l’idée ou le dessin me plaisent, on creuse jusqu’à voir si une BD peut naître de cette collaboration avec l’artiste.
Dans le cas de Janevsky, une fois n’est pas coutume, c’est lui qui nous a contactés directement, en 2018, avec le projet de sa première BD (Sixella) déjà bien avancé. Coup de coeur immédiat pour son style graphique et sa colorisation.

Quelle est la part de projets lancés en crowdfunding ? Pourquoi le choix de Ulule et non KissKissBankBank?

On essaye de lancer un crowdfunding par an - quand on a commencé en 2017, beaucoup d’auteurs et éditeurs BD se lançaient via Ulule, c’est pourquoi on a privilégié ce canal, tout bêtement.

Si le crowdfunding prend de l’importance, sera-t’il à terme internalisé ?

Ulule n’a pas vocation à prendre une plus grande importance à l’avenir. C’est surtout un moyen pour nous de rassembler et “récompenser” nos plus fidèles lecteurs avec des projets un peu fous et des goodies qu’on ne pourrait pas produire en quantité pour la librairie. Le crowdfunding est un très bon moyen pour un auteur autoédité ou une toute petite structure de faire naître des projets à partir de zéro, mais pour nous, qui sommes éditeurs depuis 25 ans et sommes en mesure de financer nous-mêmes nos livres, ce serait étrange de faire reposer toute notre économie sur ce système.

Nicolas Cartelet (La Musardine)
Nicolas Cartelet (La Musardine)

La sortie de Lilith s’accompagne de plusieurs versions, avec plus ou moins de goodies. C’est une volonté pour encourager le côté “fan” ou une demande du public ?

Quand on sort une BD aussi belle que Lilith, par un artiste à la fois dessinateur de bande dessinée et illustrateur, c’est difficile de se contenter du seul objet livre que les lecteurs retrouveront en librairies. Pour ces projets exceptionnels, il nous a semblé intéressant de “prolonger” leur univers à l’aide de crowdfundings. Au départ, c’était une demande claire de nos lecteurs, qui nous ont souvent contactés pour obtenir des ex-libris, des dédicaces, des planches originales, etc.

Actuellement, quelles sont les difficultés pour un éditeur ?

Tenir la barre à une époque où les libraires sont fragilisés et où la baisse du pouvoir d’achat menace sans cesse les ventes de livres. Le travail fondamental d’éditeur n’a pas beaucoup changé en 10 ans (j’ai commencé dans ce métier en 2014), c’est le marché qui change, de plus en plus vite, et auquel il faut s’adapter.

Quels sont vos projets pour les mois à venir ?

On tient le cap d’une vingtaine de bandes dessinées par an, tous genres confondus (manga, comics, bd franco-belge…) Côté crowdfunding, on devrait lancer quelque chose en février-mars prochain, avec un projet de BD collective. Je n’en dis pas plus pour le moment !

Un dernier mot peut-être ?

On a mis tout notre coeur dans l’édition de Lilith, en amont avec Janevsky pour avoir la meilleure BD possible, et ces derniers mois avec l’équipe pour imaginer un écrin digne de cette histoire. J’espère que nos choix plairont aux lecteurs !